LE GOUVERNEMENT CONGOLAIS FAIT DE KABILA UN ENNEMI PUBLIC

LE GOUVERNEMENT CONGOLAIS FAIT DE KABILA UN ENNEMI PUBLIC

Directeur de publication : ALBAN JULLIARD

Newsletter NJAWE La Tribune Internationale
LE GOUVERNEMENT CONGOLAIS FAIT DE KABILA UN ENNEMI PUBLIC 2

Alors que les M23 gagnent du terrain sur le plan militaire, le gouvernement congolais décide de déchainer son appareil répressif contre l’ancien président Kabila, présenté comme le principal soutien de cette rébellion aux côtés du Rwanda. Dans cette lancée, le 30 avril, le gouvernement congolais a annoncé avoir officiellement demandé au Sénat de lever les immunités de l’ancien président Joseph Kabila, désormais sénateur à vie. Cette requête s’accompagne de lourdes accusations : trahison, crimes de guerre et crimes contre l’humanité. 

En fait l’offensive ne s’arrête pas là. Dès le 24 avril, Jacquemain Shabani, vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur, a adressé une requête officielle au procureur général près la Cour constitutionnelle, sollicitant la dissolution du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), parti fondé et dirigé par Kabila. Le ministre y dénonce de « graves violations » des lois et de la Constitution par la formation politique. Il accuse plusieurs de ses membres, notamment des figures influentes, d’avoir rejoint les rangs de l’AFC, mettant ainsi en péril l’intégrité territoriale du pays.

Shabani revient aussi sur les prises de position publiques de Joseph Kabila, notamment une tribune parue dans le Sunday Times, perçue comme une tentative de dédouaner le M23 de ses exactions. À cela s’ajoutent les déclarations jugées subversives d’Aubin Minaku, récemment nommé vice-président du PPRD, qui, lors d’un rassemblement en février, a déclaré que le parti était « prêt à tout » pour faire chuter le régime actuel.

Normalement protégé par son statut de “sénateur à vie”, Joseph Kabila bénéficie d’une immunité qui entrave toute procédure judiciaire à son encontre. Cependant, le procureur militaire de la République démocratique du Congo (RDC) a récemment demandé que cette immunité soit levée afin de permettre l’ouverture de véritables poursuites. Jusqu’à présent, les investigations ont été limitées, d’autant plus que l’ancien président résidait hors du territoire congolais ces deux dernières années.

Toute cette campagne survient alors que le mois dernier, Joseph Kabila a exprimé son intention de rentrer en RDC pour participer aux efforts de résolution du conflit qui oppose son pays au Rwanda, dans l’est du territoire. Cette annonce est intervenue peu après la signature d’un accord entre Kinshasa et Kigali, négocié à Washington, visant à réduire le flux de réfugiés déplacés par les violences.

Des l’annonce de ce retour dans l’arène politique, des rumeurs ont rapidement émergé concernant sa présence à Goma, une ville stratégique de l’est contrôlée en partie par les rebelles du M23. Cette situation a ravivé les tensions : les autorités congolaises ont interdit les activités du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), formation politique fondée par Kabila. Le gouvernement accuse le parti d’entretenir des liens avec les ennemis de l’État et dénonce une « attitude ambiguë » de l’ancien président dans un contexte d’occupation militaire et d’instabilité accrue dans la région.

Face a cet acharnement, le bureau politique du PPRD a annonce qu’il reprendrait ses activités normalement après l’écoulement sans suites de l’l’arrêté pris le 19 avril par le ministère de l’Intérieur qui lui ordonnait de suspendre ses activités politiques sur toute l’étendue du territoire congolais. Les proches collaborateurs de l’ex président Kabila s’appuient sur l’article 29 de la loi N*04/002 du 15 mars 2004 fixant la durée de suspension décidée par une autorité territoriale des activités d’une formation politique à 15 jours maximum. Ils parlent ainsi d’une « levée d’office ».

Pour rappel, après deux mandats successifs entre 2006 et 2016, Joseph Kabila avait refusé de quitter le pouvoir, suscitant des manifestations meurtrières. S’octroyant une prorogation de deux ans à la tête de l’État, il s’était finalement rallié à Félix Tshisekedi, vainqueur – contesté – de la présidentielle en 2018. Une alliance qui a volé en éclat en décembre 2020. Après avoir quitté la RDC en 2023, Joseph Kabila est donc de retour. Et le chemin emprunté est lourd de symbole avec à la prime cette guerre ouverte que lui voue le gouvernement de son successeur.

📄 Voir ou Télécharger le PDF
Partagez:
Avatar de La Tribune Internationale

La Tribune Internationale

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

rejoins notre Newsletter

Abonnez-vous à notre newsletter hebdomadaire pour ne rien manquer.