République démocratique du Congo. Joseph Kabila riposte.

République démocratique du Congo. Joseph Kabila riposte.

Directeur de publication : ALBAN JULLIARD

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République démocratique du Congo. Joseph Kabila riposte. 2

Le camp Tshisekedi, actuel Président de la République Démocratique du Congo (RDC), multiplie les attaques en vue d’empêcher un éventuel retour de l’ex-président du pays dans la scène nationale, voire à la tête de celui-ci. Parmi ses manœuvres, celles judiciaires, entamées il y’à bientôt un mois, sont actionnées par la machine gouvernementale au mépris de tous les accords passes au moment de l’accession au pouvoir du nouveau régime.

L’acte le plus récent de cet houleux feuilleton, la levée des immunités de l’ancien président Joseph Kabila en tant que sénateur à vie. Une décision du Sénat de la République démocratique du Congo (RDC) votée, ce jeudi 22 mai, avec 88 voix pour, 5 contre et 3 bulletins nuls sur 96 votants.

« Par conséquent, le Sénat autorise les poursuites et la levée de l’immunité de Joseph Kabila, sénateur à vie », a déclaré le président du Sénat, Jean-Michel Sama Lukonde, à l’issue du vote lors d’une session plénière retransmise en direct à la télévision nationale.

Ceci découle de l’approbation du rapport de la commission spéciale examinant le réquisitoire de l’auditeur général près la Haute Cour Militaire. Une commission spéciale dont la totalité des quarante membres sénateurs se sont prononcés en faveur de la mesure. Ce rapport accuse Joseph Kabila de « trahison, crimes de guerre, crimes contre l’humanité et participation à un mouvement insurrectionnel », pour son présumé soutien à la rébellion du M23 et ses liens avec l’Alliance du Fleuve Congo (AFC)/M23, impliquée dans les violences au Nord-Kivu.

La décision du Sénat est tombée sans grande surprise, la coalition de l’actuel président Félix Tshisekedi détenant une majorité écrasante au Parlement et le parti de M. Kabila (Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie, PPRD), qui avait boycotté les dernières élections fin 2023, n’y étant pas représenté. L’indépendance du pouvoir judiciaire en RDC est par ailleurs régulièrement mise en doute.

Le parti de l’ex-président de la République démocratique du Congo (RDC) Joseph Kabila a dénoncé vendredi, au lendemain de la levée de l’immunité parlementaire de l’ancien chef d’État, « une chasse à l’homme » orchestrée à des fins politiques par Kinshasa, qui l’accuse de complicité avec le groupe armé M23.

Quelques heures après la décision du Sénat, deux anciens proches ont été interpellés : le général Pierre Banywesize, qui fut le chef de sa sécurité, et Martin Kabwelulu, ancien ministre des Mines. Des arrestations que ses partisans considèrent comme des tentatives d’intimidation, voire comme les prémices d’un acharnement judiciaire.

« C’est en réalité une chasse à l’homme, une chasse à la sorcière », a réagi vendredi auprès de l’AFP Ferdinand Kambere, le secrétaire général permanent adjoint du PPRD.

Par cette « mascarade » au Sénat, M. Tshisekedi s’engage sur une voie qui vise à « anéantir la démocratie dans notre pays et fermer la bouche à tout Congolais qui dénonce la guerre dans l’Est », a poursuivi M. Kambere.

En avril dernier, le ministre de la justice congolais, Constant Mutamba, avait saisi la justice militaire afin d’engager des poursuites contre Joseph Kabila « pour sa participation directe » au M23. Le procureur général de l’armée congolaise avait déposé une requête auprès du Sénat réclamant la levée de l’immunité de M. Kabila.

L’auditeur général près la haute cour militaire accuse M. Kabila de participation à un mouvement insurrectionnel, trahison, participation à des crimes de guerre et crimes contre l’humanité.

Selon plusieurs spécialistes en droit, une levée de l’immunité d’un ex-président aurait dû exiger un vote au Parlement à la majorité des deux tiers. Mais le Sénat a suivi l’avis de la commission spéciale, qui a estimé que les faits reprochés à M. Kabila ne relèvent pas de sa fonction d’ancien président, mais de sénateur à vie.

Cette décision « est un acte politique » et « un moyen emprunté pour fragiliser un adversaire politique », estime Ithiel Batumike, chercheur à l’institut congolais Ebuteli de recherche sur la politique, la gouvernance et la violence.

Pour le secrétaire général adjoint du PPRD, Ferdinand Kambere, le « théâtre » organisé pour permettre d’engager des poursuites contre M. Kabila vise à détourner l’attention des difficultés du pouvoir à mettre fin au conflit dans l’Est.

Joseph Kabila, qui a quitté la RDC à la fin de 2023, selon son entourage, mais jouit encore d’un certain réseau d’influence dans le pays, avait été convoqué le 20 mai à Kinshasa pour « une réunion de travail » de la commission ad hoc du Sénat. Il n’avait pas répondu à l’invitation.

La requête du gouvernement congolais à l’encontre de Joseph Kabila a été faite peu après l’annonce de son retour prochain au pays. En avril, M. Kabila avait créé la surprise en déclarant dans la presse revenir en RDC par « sa partie orientale ». Il n’avait pas précisé s’il passerait par une zone sous contrôle M23. Dans la foulée de cette annonce, les autorités congolaises ont mené des perquisitions dans plusieurs propriétés de l’ex-président, et son parti a été suspendu.

En réaction a cette procédure, vendredi 23 mai, presque six ans après son départ du pouvoir, Joseph Kabila a pris la parole dans une allocution de quarante-cinq minutes diffusée le soir sur Internet. Une prise de parole exceptionnelle, au lendemain de la levée de son immunité parlementaire par le Sénat congolais, qui l’a décidée en son absence. Dans un ton est grave, l’ancien président accuse ouvertement le régime de Félix Tshisekedi d’avoir transformé le Parlement, « temple de la démocratie », en simple « chambre d’enregistrement de la volonté d’un seul homme ».

Le visage figé, mais le verbe acéré, Kabila, désormais âgé de 53 ans, se pose en victime d’un pouvoir qu’il estime autoritaire et revanchard. « Continuer à me taire m’aurait rendu poursuivable devant le tribunal de l’Histoire pour non-assistance à plus de 100 millions de compatriotes en danger », affirme-t-il, expliquant ainsi le fait qu’il soit du silence, une première depuis la passation de pouvoir de janvier 2019.

Dans son discours, Joseph Kabila s’est montré particulièrement virulent à l’égard de la gouvernance actuelle, accusée d’avoir « ramené le pays au plus bas ». Sans jamais nommer directement Félix Tshisekedi, il brosse un portrait sombre de la situation politique et sociale du pays : « Alors que, sur les plans institutionnel, politique, économique et social, les fondamentaux avaient été établis et que le pays avait été placé sur la rampe de lancement, prêt à décoller, nous voici, en un temps record, soit six ans, de nouveau à la case départ, celle d’un État failli, divisé, désintégré, au bord de l’implosion, et inscrit en bonne place au palmarès des pays pauvres les plus corrompus et très endettés. »

Pour étayer ses propos, il cite les rapports du Conseil de sécurité des Nations unies, ceux sur l’indice de développement humain, ou encore les classements internationaux de la pauvreté. En guise de conclusion, l’ancien chef de l’État a appelé à un « sursaut patriotique », proposant un « pacte national de redressement » en 12 points, parmi lesquels « la fin de la dictature », « l’arrêt de la guerre » ou encore « la restauration de l’unité nationale ».

L’ancien chef d’État (2001-2019) a également annoncé son intention de se rendre prochainement à Goma, capitale du Nord-Kivu, tout en démentant les rumeurs qui, le 18 avril dernier, annonçaient déjà sa présence dans une ville en partie occupée par les rebelles de l’AFC/M23, soutenus par le Rwanda. « Il y a quelques jours, en effet, à la suite d’une simple rumeur de la rue ou des réseaux sociaux sur ma prétendue présence à Goma, où je vais me rendre dans les prochains jours, comme cela avait été annoncé par ailleurs, le régime en place à Kinshasa a pris des décisions arbitraires avec une légèreté déconcertante », a-t-il dénoncé, y voyant un signe du « recul spectaculaire de la démocratie » en République démocratique du Congo.

Dans un contexte déjà tendu par la guerre à l’Est du pays, cette contradiction majeure entre l’ancien et l’actuel dirigeant de la RDC n’est pas pour ramener la sérénité nécessaire à une Union sacrée contre les forces rebelles. Ce déchirement des poids lourds de la politique nationale est à l’image aussi de la césure entre les troupes et le commandement sur le terrain. Il urge donc de ramener les acteurs politiques a l’essentiel, dans l’unissons, pour insuffler a l’armée congolaise le souffle de la victoire, seule garantie de stabilisation de la situation a l’Est et de construction d’une paix durable.

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Jules NJAWE

Leader Panafricaniste

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