LES FORCES DE SOUTIEN RAPIDE REPRENNENT L’INITIATIVE A KHARTOUM

Depuis lundi, 19 Octobre 2025, les Forces de Soutien Rapide (FSR), ont relancé leur offensive aérienne sur la capitale soudanaise Khartoum. L’opération a été menée à l’aide de drones sur l’aéroport international de Khartoum, fermé depuis plus de deux ans et sur le point de rouvrir, a indiqué une source militaire à l’AFP.

Bien avant le chef des Forces de soutien rapide (RSF), le général Mohamed Hamdan Daglo, a accusé mardi l’armée soudanaise de commettre un « nettoyage ethnique et un génocide » et a menacé de cibler tout avion des pays voisins utilisé dans des attaques.

Dans une longue allocution télévisée, Daglo, connu sous le nom de Hemetti, a déclaré que les attaques de la junte de Port Soudan contre les administrations tribales et les dirigeants communautaires, en particulier dans les régions du Darfour et du Kordofan, étaient un effort délibéré pour « rayer les tribus de la carte ».

« Lorsque nous parlons de cibler les administrations tribales, nous entendons par là un nettoyage ethnique et un génocide… une tribu entière ne peut pas être ciblée dans le but de l’exterminer », a-t-il déclaré, qualifiant une attaque spécifique contre la tribu Muzrub de « véritable génocide ».

Dans une escalade significative, Hemetti a lancé un avertissement direct aux pays voisins non identifiés contre le fait de permettre que leur territoire soit utilisé pour des attaques contre ses forces.

« Un message important, nous sommes restés silencieux pendant longtemps… tout avion décollant d’un aéroport d’un pays voisin pour larguer des vivres, attaquer ou tuer, et tout drone décollant d’un aéroport, quel qu’il soit, constituent pour nous une cible légitime », a-t-il déclaré. « Nous en sommes certains, et si nous ne l’étions pas, nous ne l’aurions pas dit. »

Hemetti a décrit les dirigeants de l’armée comme un « mouvement satanique » et un « cancer » qui doit être éliminé, les accusant d’hypocrisie et de tromperie envers le peuple soudanais.

Il a également porté des accusations personnelles contre le chef de l’armée, le général Abdel Fattah al-Burhan, le qualifiant de « leader du mouvement islamiste dans l’armée », de « criminel et de meurtrier » et affirmant avoir connaissance de ses réunions secrètes avec les dirigeants de l’ancien régime.

Le commandant des RSF a réitéré son appel à une « commission d’enquête internationale » sur tous les « massacres » et crimes de « nettoyage ethnique » depuis le début du conflit le 15 avril.

Il a conclu son discours en appelant le peuple soudanais à « se débarrasser de ce criminel », en référence à Burhan, et a exhorté ses propres forces à se diriger vers les « champs de bataille », affirmant que « la victoire arrive ».

Ainsi, les récentes frappes s’inscrivent dans le cadre d’une vaste campagne de guerre de drones menée par les RSF contre les infrastructures civiles et les positions de l’armée. Plus tôt mardi, une attaque similaire avait visé l’aéroport international de Khartoum.

À Sennar, un drone suicide a explosé près du principal barrage de la ville, ont rapporté des témoins à Sudan Tribune, provoquant de lourds tirs antiaériens de l’armée. Des habitants de Damazin, capitale de l’État du Nil Bleu, ont rapporté qu’un drone avait touché le transformateur électrique principal, plongeant la ville dans le noir.

La 4e division d’infanterie de l’armée à Damazin a déclaré dans un communiqué que ses défenses aériennes avaient abattu les drones « ennemis » et que la situation était « parfaitement sous contrôle ». Elle a ajouté qu’il n’y avait eu « aucune victime ni aucun dégât matériel ».

Pour rappel, les FSR ont contrôlé une grande partie de l’État de Sennar pendant une partie de l’année 2024 avant d’être repoussées par une offensive de l’armée en octobre. Cette avancée a contraint les combattants des FSR à se regrouper dans certaines zones de la région voisine du Nil Bleu.

Avec les développements de cette nouvelle offensive ayant visiblement pour objectif de reprendre le contrôle de Khartoum, le Général Hemetti confirme son ambition de gouverner un soudan réunifié et débarrassé des  influences de puissances qui veulent amener à une nouvelle partition du territoire.